jeudi 21 août 2008

Afghanistan: Un bataillon français décimé dans une guerre perdue d'avance


Note sur l'emploi du mot "décimé":
"Décimé" signifie que un dixième du bataillon a été mis hors service (dix tués et 21 blessés).
Pour plus de détails, voir:

http://fr.wiktionary.org/wiki/d%C3%A9cimer



Sarkozy change du cap et se soumet à Bush:

En 2001, la France a envoyé un contingent destiné à former l'armée Afghane, assister à la reconstruction du pays etc.

Depuis, Sarkozy, a envoyé un contingent destiné à combattre la résistance Afghane qui s'est développée notamment en réaction aux exactions des forces occupantes (massacres de villageois etc.).

Ces militaires ont été envoyés dans le Sud et l'Est du pays, où les combats font rage, et où les militaires français étaient jusqu'alors absents.

Il y a donc un changement dramatique de la politique de la France: Sarkozy se plie aux désirs de son maître George Bush.

(Voir le post adjacent à ce sujet, sur le changement de cap effectué par Sarkozy)


Ne nous étonnons donc pas de tous ces morts. Ce n'est malheureusement que le début...

Cette guerre est déjà perdue, comme celle du Vietnam et les autres, pour des raisons tout à fait similaires. Le président fait l'autruche, faisant croire aux français que la guerre en Afghanistan est une "guerre pour la liberté", reprenant littéralement les propos de Bush sur la guerre en Irak, dont on s'est moqué en France.



Pourquoi et comment la victoire éclair de 2001 a-t-elle donné place à l'enlisement actuel?

En 2001, les talibans ont été très rapidement défaits par les forces occidentales. Comment la situation s'est-elle soudain renversée?

C'est très simple. Le peuple Afghan a peu à peu compris que le but des occupants n'était pas de les délivrer des talibans ni de les aider à reconstruire un pays dévasté par de nombreuses guerres, mais de contrôler cette région stratégique militairement et économiquement (voir les articles sur le projet américain de gazoduc géant en Afghanistan): une sorte de hold-up.

Le retournement de la situation militaire s'explique par une prise de conscience dans le pays. Le peuple Afghan se rend compte des objectifs de l'occupant, lequel se traduit par des massacres (par bombardement le plus souvent) de villageois etc.

Par conséquent, ce ne sont plus uniquement les talibans qui combattent les troupes occidentales, mais bien le peuple Afghan dans sa majorité. L'ennemi d'hier, les talibans, sont maintenant perçus comme un moindre mal par les Afghans. Qui peut croire que les talibans, défaits avec facilité en 2001, pourraient défier les plus grandes armées de la planète sans le soutien du peuple Afghan?

Ce retournement de situation illustre bien l'étendue et les conséquences des exactions commises par les forces occidentales en Afghanistan. Car ce sont ces exactions qui expliquent le changement d'allégence des Afghans, et le retournement de situation militaire.



Naïveté?

Certains naïfs croient toujours aux affirmations des Bush-Sarkozy, selon lesquels il y a une 'guerre contre le terrorisme' qui se tiendrait uniquement en Afghanistan, alors que nous savons tous que le repère des terroristes se trouve en Arabie Saoudite, protégée des Américains.

Ceux-là même pourtant avaient détecté le mensonge de Bush qui liait la guerre en Irak au terrorisme. Ils semblent malheureusement avoir maintenant perdu tout esprit critique.

Si Bush voulait mettre fin au terrorisme, c'est l'Arabie Saoudite et non l'Afghanistan qu'il aurait attaqué. Mais mettre fin au terrorisme serait désastreux pour Bush. Car c'est bien la soi-disant "lutte contre le terrorisme" qui lui permet de justifier la politique impérialiste (contrôle de la planète) et de réduire la liberté d'expression (et de contestation) du peuple américain.

Il semble que la réalité ait aujourd'hui dépassé la fiction en ce qui concerne la politique occidentale et américaine en particulier.



Commentaire 1

Qui peut croire sérieusement que les talibans pourraient s'imposer seuls, contre le peuple Afghan, l'armée Afghane et les armées de plus de 20 pays dont les plus puissants de la planète militairement, sans le soutien de la population Afghane?

Ce serait du jamais vu dans l'Histoire de l'Humanité.

Non, la guerre en Afghanistan n'est certainement pas une guerre contre les talibans et le terrorisme.

C'est en fait une guerre qui crée du terrorisme.



Commentaire 2

'7 ans pour combattre des barbus illettrés et sous armé... c'est un peu gros pour moi!'

- Et pour vous?



Commentaire 3

Pourquoi n'intervenons-nous pas en Arabie Saoudite, aussi démocratique que l'Afghanistan et foyer terroriste avéré (berceau d'Al Quaïda)?



Commentaire 4

Deux compagnies pétrolières se disputent un ambitieux projet de gazoduc censé traverser l’Afghanistan, via le Turkménistan et le Pakistan. « La seule route possible », a affirmé, devant une commission de la Chambre des représentants américains, M. John J. Maresca, vice-président international d’Unocal, la douzième compagnie américaine, en concurrence avec la société argentine Bridas.

http://www.monde-diplomatique.fr/2002/01/ABRAMOVICI/16010



Commentaire 5

Les États-Unis se préparaient à attaquer l'Afghanistan bien avant le 11 septembre
Les médias américains cachent systématiquement les véritables intérêts économiques et stratégiques sous-jacents de la guerre en Afghanistan en prétendant que cette guerre est survenue du jour au lendemain aussi puissamment uniquement en réaction aux attentats terroristes du 11 septembre.



Commentaire 6

Du Grabuge à droite:

Pour le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan (Debout La République), sauf "changement radical" de la stratégie américaine, Paris doit "retirer ses troupes".

Philippe de Villiers, président du MPF, s'est interrogé "sur la pertinence des choix effectués" par la France (Nicolas Sarkozy, NDLR) au sommet de Bucarest.

Et, dans les rangs même de l'UMP, le député Pierre Lellouche a prôné "une remise à plat de la stratégie de l'Otan", qui "est en train d'échouer".

Seul Nicolas Sarkozy s'obstine à accélérer alors qu'il fonce dans un mur...

Message à ceux qui nient la responsabilité personnelle de Sarkozy dans la mort de nos soldats

L'opération dans laquelle étaient engagés les soldats s'inscrivait dans le cadre de l'extension du mandat des troupes françaises en Afghanistan, et notamment dans la province de Kapisa, décision prise par le président Sarkozy après le sommet de l'OTAN de Bucarest début avril.

Les soldats du 8e RPIMa, arrivés le 23 juillet en Afghanistan, figuraient à l'avant-garde d'un convoi, comprenant aussi des troupes de l'armée afghane et des forces spéciales de l'armée américaine, chargé de reprendre le contrôle d'une zone abandonnée aux insurgés entre les provinces de Kaboul et de Kapisa.

http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2008/08/20/les-soldats-blesses-racontent-l-embuscade-les-combats-les-erreurs_1085788_3216.html#ens_id=1049814

Au sein de l'état-major de l'OTAN, à Kaboul, on confirmait, mardi soir, que la mission de ce convoi consistait à sécuriser une route jusque-là considérée comme dangereuse et peu fréquentée entre les districts de Saroubi, appartenant à la région de Kaboul où se trouvent des troupes françaises depuis 2002, et de Tag Ab, dans la province voisine de Kapisa où a été affecté le nouveau contingent envoyé cet été par la France.

(...)

Cette mission consistait à faire le lien entre deux provinces désormais sous contrôle des Français.

(...)

Ce récit officiel paraît toutefois fort incomplet en comparaison des témoignages de soldats français blessés dans l'embuscade et rencontrés par Le Monde mercredi matin à Kaboul.

(...)

Contrairement à la version officielle, les victimes ne sont pas toutes mortes lors des premiers tirs ennemis mais, selon les soldats interrogés, au fil des affrontements (lesquels ont duré plus de 6 heures NDLR).


Sources: Le Monde

mercredi 29 août 2007

Etats-Unis: 36,5 millions de pauvres et 47 millions sans assurance médicale


AFP - Mardi 28 août, 20h37

WASHINGTON (AFP) - Aux Etats-Unis, près d'un habitant sur huit vit au-dessous du seuil de pauvreté, soit 37 millions de personnes en 2006 et 47 millions de personnes sont dépourvues d'assurance médicale, selon l'enquête annuelle du Bureau américain du Recensement rendue publique mardi.

Le taux de pauvreté s'établit à 12,3% de la population (37 millions de pauvres). Le nombre de personnes vivant sans assurance médicale atteint 47 millions en 2006, soit 15,8% de la population (contre 44,8 millions en 2005).

Un foyer de deux personnes est considéré dans la pauvreté lorsque ses revenus sont inférieurs à 13.167 dollars par an, selon le Census Bureau, et de 16.079 dollars pour trois personnes.

Il y a 12,8 millions d'enfants et de jeunes de moins de 18 ans qui sont dans la pauvreté, soit 17,4% et 8,7 millions d'enfants (soit 11,7%) qui sont sans couverture médicale. Ce chiffre est en hausse par rapport à 2005 où ils étaient 8 millions dépourvus d'assurance santé.

"Ces chiffres de couverture médicale sont vraiment une mauvaise nouvelle", a commenté un économiste de l'institut Brookings, Ron Haskins, après la publication de ces données. "Soit de plus en plus d'Américains vont vivre sans assurance médicale, soit l'addition va encore augmenter pour le gouvernement", affirme cet économiste.

Les Noirs sont plus facilement pauvres que les autres (24,3%, stable par rapport à 2005), suivis par les Hispaniques (20,6% contre 21,8% en 2005) et les Asiatiques (10,3%). Chez les Blancs non-hispaniques, le taux de pauvreté est de 8,2%.

Quelque 3,4 millions de personnes âgées de plus de 65 ans sont dans la pauvreté.

Les chiffres du Census Bureau montrent aussi une différence énorme entre les revenus médians des hommes et des femmes travaillant pourtant dans les mêmes secteurs.

Dans le secteur du droit (avocats, conseils juridiques) les hommes gagnent en moyenne 104.400 dollars par an, quasiment deux fois plus que les femmes (51.400 dollars/an).

Le Sud du pays est le plus pauvre, notamment les Etats du Mississippi (21,1% de pauvres), la Louisiane (19%), mais aussi la capitale Washington DC (19,6%) tandis que les comtés parmi les plus riches se situent également dans la banlieue de Washington (Fairfax en Virginie, Montgomery dans le Maryland).

Les Etats du Maryland, du New Jersey et du Connecticut dans l'est du pays sont les plus riches en terme de revenus par foyer. San José au coeur de la Silicon valley en Californie (ouest) et Plano dans le Texas (sud) sont les grandes villes les plus riches tandis que Cleveland (Ohio, nord), Détroit (Michigan, nord) ainsi que Miami (Floride, sud-est) figurent au rang des plus pauvres.


vendredi 25 mai 2007

Chirac doit-il répondre de ses actes?

D'après Reuters


Une enquête est nécessaire pour faire la lumière sur l'éventuelle existence d'un compte bancaire secret de Jacques Chirac au Japon, estime l'ancienne magistrate anti-corruption Eva Joly.

"Il me semble vital qu'une enquête soit faite sur les rumeurs très persistantes et maintenant aussi les documents qui existent sur l'existence d'un compte au Japon qui lui appartiendrait", déclare-t-elle sur le site internet Rue89.

"Une démocratie digne de ce nom ne peut pas vivre avec cette incertitude", ajoute cette magistrate, conseillère du gouvernement de Norvège, son pays d'origine, qui a instruit de nombreux dossiers de corruption, dont le scandale Elf.

Les soupçons concernant l'existence d'un compte bancaire détenu par l'ancien président de la République française au Japon sont apparus de manière incidente dans l'enquête sur les listings falsifiés de la société Clearstream.

Des documents confidentiels des services secrets français, la DGSE, saisis chez le spécialiste du renseignement Philippe Rondot et versés progressivement au dossier jusqu'à ces dernières semaines, font état de l'existence de ce compte à la Tokyo Sowa Bank. Il serait, à en croire ces pièces, crédité de 300 millions de francs, soit 45 millions d'euros.

L'information figure pour la première fois dans un document envoyé en 1996 par un agent de la DGSE à Tokyo, qui avait été chargé d'une enquête de routine sur Soichi Osada, patron de la Sowa Bank et ami de Jacques Chirac.

Dans ce document, l'agent secret rapportait que cette information sur le compte Chirac lui avait été fournie par une source identifiée sous le seul nom de code de "Jambage".

La général Philippe Rondot, qui a enquêté à la demande de l'ancien locataire de l'Elysée sur ces documents de la DGSE, écrit en novembre 2001 dans une note versée au dossier Clearstream et publiée cette semaine par Marianne : "Les affaires se précisent, selon l'enquêteur au Japon, le compte de JC existe bien. Il est alimenté. TG (télégramme) à venir".

(...)

Eva Joly se prononce pour que Jacques Chirac réponde des autres affaires concernant des détournements de fonds à la Ville de Paris qui lui sont imputés.

"Les traces se sont arrêtées toutes fraîches devant la porte de son cabinet. La normalité est qu'il soit convoqué par mes collègues et qu'il réponde de ces suspicions", dit-elle.

Elle juge indigne de tenter d'échapper à ces procédures. "Je pense qu'il serait d'une incroyable arrogance que de bricoler et de jouer avec la prescription. ce serait une forme d'immunité. La seule solution digne d'une grande démocratie c'est que les enquêtes soient faites", déclare-t-elle.

Selon le Canard enchaîné, Jacques Chirac, qui perdra définitivement son immunité présidentielle le 16 juin, a recruté une équipe d'avocats conduite par Me Jean Veil. Il envisagerait de retarder les demandes d'audition en invoquant des motifs de santé, en attendant une éventuelle loi qui effacerait les "affaires", dit l'hebdomadaire satirique.

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Eva Joly à Rue89: «Chirac doit répondre de ses actes»

L'ancienne juge d'instruction publie un livre de souvenirs en forme de réquisitoire contre les élites françaises.

Le titre de son livre, "La Force qui nous manque", s'adresse plus à nous qu'à elle. Eva Joly, l'ancienne juge d'instruction du pôle financier du Palais de Justice de Paris, célèbre pour son rôle dans l'affaire Elf, ne décolère pas contre les élites françaises, contre leur complaisance vis-à-vis de la corruption, contre leurs petits arrangements avec la justice, contre l'indulgence coupable de l'opinion publique...

De passage à Paris quelques jours après le départ de Jacques Chirac de l'Elysée, et donc de sa perte d'immunité présidentielle, elle affirme haut et fort, dans une interview à Rue89, que la justice doit reprendre ses droits dans les affaires dans lesquelles apparaît le nom de l'ancien chef de l'Etat. La France, estime-t-elle, se déconsidèrerait à enterrer les dossiers qui concernent le "retraité de l'Elysée", et l'opinion, que l'on sent peu mobilisée sur ce front, ne doit pas s'en désintéresser.

(Voir la vidéo)
http://rue89.com/2007/05/25/eva_joly_a_rue89_la_justice_doit_desormais_soccuper_de_jacques_chirac

De même, Eva Joly, dont les récentes activités dans la lutte anticorruption pour le compte du gouvernement norvégien lui ont fait entrevoir tant de secrets de famille franco-africains, ne cache pas sa colère de voir que l'un des premiers chef d'Etat étranger à rendre visite à Nicolas Sarkozy à Paris, n'est nul autre qu'Omar Bongo, le président gabonais, figure emblématique d'une liaison incestueuse entre la France et ses anciennes colonies. La rupture, décidément, n'est pas au rendez-vous, là où elle semblerait pourtant la plus nécessaire.

(Voir la vidéo)
http://rue89.com/2007/05/25/eva_joly_a_rue89_la_justice_doit_desormais_soccuper_de_jacques_chirac

Eva Joly revient donc sur le devant de la scène française, non pas officiellement, mais pour livrer "sa" vérité. Celle de son itinéraire personnel, la jeune fille au pair aux tresses blondes venue du pays des fjords, et qui finit par défier le pouvoir politico-affairiste français en menant les enquêtes judiciaires là où elles font le plus mal. Cela donne un livre, écrit en collaboration avec la journaliste Judith Perrignon, qui mêle souvenirs personnels, heureux ou douloureux, et retours sur les leçons d'une action judiciaire qui lui a coûté cher. La petite histoire dans la grande histoire.

On lira avec délectation sa galerie de portraits des hommes puissants qui ont défilé dans son cabinet de juge d'instruction: on y retrouve "le poète", François Léotard; "le comédien", Bernard Tapie, "l'ancien combattant ou plutôt son fils", Jean-François Pagès; "le fils qui fait mentir sa vieille mère", Loïk Le Floch-Prigent, Roland Dumas...

Le réquisitoire d'Eva Joly est dérangeant, non pas tant par les faits qu'elle dénonce, que par le "miroir", comme elle dit elle-même, qu'elle tend à la France. Ce qu'on y voit n'est pas reluisant.

Mais ce qu'elle dit est d'une actualité brûlante, au moment où le pouvoir politique change, sans que les moeurs n'évoluent. Eva Joly ne pouvait pas espérer mieux, pour illustrer son propos, que de débarquer à Paris au moment où un conseiller du nouveau président passe chez TF1...

(Voir la vidéo)
http://rue89.com/2007/05/25/eva_joly_a_rue89_la_justice_doit_desormais_soccuper_de_jacques_chirac


"La Force qui nous manque" d'Eva Joly (avec Judith Perrignon), éd. Les Arènes, 190 p., 19,80 €.




jeudi 24 mai 2007

v


Quand l'Elysée nomme les journalistes


Voir aussi les articles ci-dessous:

Vers une Berlusconisation de la France


Une France féodale, où rien ne nous choque plus





PARIS (Reuters) - François Bayrou a réitéré jeudi (24 mai 2007) à Paris ses attaques contre la proximité entre Nicolas Sarkozy et son gouvernement avec "de grands groupes industriels" et "les plus grands groupes de médias."

"La nomination à la tête de TF1, annoncée par l'Elysée, et non pas par l'entreprise, de l'un des plus proches collaborateurs de Nicolas Sarkozy, sans aucune expérience préalable dans l'audiovisuel, c'est une illustration de plus de ce mouvement qui est en cours, au vu et au su de tout le monde", a-t-il lancé lors d'un meeting au Zénith.

"C'est une question pour les démocrates, pour les libéraux. Si nous ne parlons pas pour défendre le droit des citoyens au pluralisme, qui le fera ?", a-t-il ajouté devant plusieurs milliers de sympathisants.

"Nous voulons une presse, des radios et des télévisions libres, non inféodées ! Nous en avons besoin pour nous et nos familles ! Nous ne voulons pas que nos organes d'information soient soumis à ces influences !"

Le dirigeant du Mouvement démocrate (MoDem) a jugé que "c'est un drame pour une société démocratique quand la confiance envers les médias est atteinte."

"Et je pense aussi aux journalistes, à leur vie de tous les jours : comment exercer le dur métier de journaliste avec au dessus de la tête ce type de craintes, ce type de contraintes, et même seulement avec le soupçon de ce genre d'influences ?", a-t-il demandé.





Une France féodale, où rien ne nous choque plus


D'après une dépêche d'AP



L'ancienne juge d'instruction Eva Joly, rendue célèbre par l'affaire Elf, publie vendredi "La force qui nous manque", un livre co-écrit avec la journaliste Judith Perrignon, récit où s'entremêlent vie intime, vie publique et réflexions sur la corruption, la pauvreté.


De l'affaire Elf à son départ de la magistrature en 2002, elle est devenue une icône du combat contre la corruption dont les effets ruinent les démocraties et enrichissent les prédateurs.

A 63 ans, Eva Joly partage sa vie entre la France et la Norvège où elle est conseillère du gouvernement pour la lutte contre la corruption et le blanchiment. Une expérience qui lui permet de porter un "double regard" que lui a donné cette "double culture", celle de l'idéal égalitaire de la Norvège et celle de la France féodale.


Elle s'étonne du peu de réactions sur la nomination à l'automne 2006, au poste de procureur général de la cour d'appel de Paris, du directeur de cabinet du garde des Sceaux, ancien conseiller à la Justice de Jacques Chirac. "Est-on sûr qu'il n'y a pas de liens qui vont influer sur les choix que ce magistrat fera?", glisse-t-elle à l'occasion d'un entretien avec l'Associated Press pour la sortie de son livre.

La démocratie se définit par des actes comme "la liberté de la presse ou l'indépendance de la Justice". En France, "une grande partie de la presse n'est pas libre, une grande partie de la justice n'est pas indépendante", dit-elle. Et, à destination du nouveau locataire de l'Elysée: "Ce n'est pas parce que vous invoquez Jaurès que vous êtes démocrate".


Dans son dernier opus, elle revient sur ces "invulnérables", ces tout-puissants de la finance ou de la politique, persuadés d'être intouchables. Les Tapie, Le Floch-Prigent, Léotard ou Tarallo pour lesquels "le grand édredon des élites françaises a amorti les coups".


Elle raconte avoir bâti, avec l'aide de son gouvernement, un réseau (le "Network") de procureurs, de juges, de policiers qui luttent contre la corruption afin de relier entre elles des énergies, "tisser une toile serrée, forger un bouclier".


A l'instar de ses ouvrages précédents, elle nous livre ses réflexions, toujours utiles à rappeler, sur les paradis fiscaux, le pillage de l'Afrique ou la justice française.



- Ed. Les Arènes (190 pages; 19,80 euros)