lundi 21 mai 2007

Endettement record des ménages français


France: l'endettement des ménages atteint un nouveau record en 2006

22 mai 2007


PARIS (AFP) - Le niveau d'endettement des ménages français a atteint un nouveau record historique en 2006, avec une dette qui a représenté plus des deux tiers de leur revenu disponible, selon les comptes financiers de la nation publiés mardi.

Fin 2006, leur taux d'endettement a atteint "un nouveau record au regard de leur revenu disponible brut, à 68,4%, après 64,1% fin 2005", relève cette étude conjointe de l'Insee et de la Banque de France.

"Ces niveaux demeurent toutefois sensiblement inférieurs à ceux de la zone euro, du Royaume-Uni ou des Etats-Unis", nuance-t-elle.



Les ménages ont continué à s'endetter à un "rythme soutenu" l'an dernier, "tout en accumulant des actifs financiers, notamment en assurance-vie", souligne l'étude.

La dette des ménages a augmenté de 11,3% en 2006 (après 11,2% en 2005), en particulier les prêts à l'habitat, en hausse de 15% l'an dernier, malgré le relèvement des taux d'intérêt appliqués aux nouveaux emprunts.

Les crédits nouveaux moins les remboursements, qui concernent essentiellement l'habitat, s'élèvent à 84,0 milliards d'euros, après 72,5 milliards en 2005.

Outre les crédits, les ménages continuent d'accumuler des actifs financiers, notamment des contrats en assurance-vie, qui ont attiré 88,8 milliards d'euros de flux de placements en 2006 (82,0 milliards en 2005).

Cette augmentation s'explique notamment par des "retraits massifs" sur les plans d'épargne logement (PEL) (-23,9 milliards d'euros) à la suite de la modification du régime fiscal de ces derniers.




Les ménages se sont par ailleurs remis à acheter des titres d'organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM), préférant la détention indirecte d'actions cotées à leur détention directe, indique l'étude.

Ils ont réduit leurs dépôts, dont le flux net retombe à 17,6 milliards d'euros (34,7 milliards en 2005). En revanche, le flux net de placements à vue (livrets A, livrets bleus ...) "retrouve son niveau de 2004" (24,3 milliards d'euros après 14,8 milliards en 2005), après deux relèvements successifs de la rémunération de ces livrets.



Endettement des entreprises:

Du côté des entreprises, le flux d'endettement des sociétés non financières connaît lui aussi une poussée à 63,9 milliards d'euros (39,1 milliards en 2005).

"L'encours de la dette des sociétés non financières, rapporté à leur valeur ajoutée, s'élève à 109,7% fin 2006, après 107,4% fin 2005, se rapprochant du point haut de fin mars 2002", indique l'étude.



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On entend parfois dire, notamment par la droite, que les Français ne sont pas assez endettés et qu’ils devraient encore plus emprunter pour soutenir la consommation, « et donc la croissance ».

On peut d’abord s’étonner que la droite souhaite voir les français s’endetter davantage, alors que, dans le même temps, elle trouve que la France est, elle, trop endettée.

Messieurs Barre ou Sarkozy voudraient que les français dépassent les 60% de taux d’endettement pour atteindre 70, 80 voire plus de 100%, comme c’est le cas aux Etats-Unis.

M. Sarkozy veut gérer la France en « bon père de famille », comme il dit, et en conséquence réduire la dette de l’Etat en faisant des coupes franches dans les dépenses publiques. Mais en même temps, il encourage les Français à être de « mauvais père de famille », en aggravant leurs dettes. Où est la logique ?

La logique est double. D’abord, le crédit permet de soutenir la croissance de façon artificielle, puisqu’en s’endettant, les gens dépensent de l’argent qu’ils n’ont pas. Mais il y a un autre objectif, plus sournois. L’endettement des ménages permet de maintenir la pression sur les salariés. Le crédit est un bon moyen de réduire la contestation salariale. Un salarié endetté n’a que très peu de marge financière, et il peut difficilement se permettre de perdre une journée de salaire pour cause de grève. Il doit, aussi, tout faire pour garder son emploi, car un passage par la case chômage le mettrait dans une position financière intenable, les échéance de crédit ne connaissant ni le droit de grève, ni même l’arrêt maladie, qui devient quasi-impossible.

Puisque le salarié n’a que sa force de travail à vendre, le crédit est une façon de la vendre par anticipation. Or, de ce point de vue, l’évolution du crédit montre aussi la déliquescence de notre société capitaliste. Si, avant, le crédit servait à un achat important, comme une voiture ou un canapé, il sert de plus en plus, aujourd’hui, à finir les fins de mois.

Autrement dit, on ne vend plus sa force de travail par anticipation pour écourter le délais d’acquisition d’un produit ; on la vend par anticipation pour pouvoir acquérir les moyens de renouveler cette force de travail ! C’est le serpent qui se mord la queue. Nous ne devons pas attendre qu’il s’étouffe !

Sylvain Roch


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