mardi 1 mai 2007

Que cache le discours sur l'assistanat?

Aujourd’hui, nous assistons à une promotion du mot ‘assistanat’, répété à l’infini, un peu comme dans une campagne publicitaire.

D’où ce concept vient-il, quels en sont les promoteurs (en d’autres termes, qui nous le vend) et pour quelles raisons ?

Voici les réponses !

Il fut un temps où l’on aimait parler de solidarité et où l’on se félicitait des avantages sociaux durement acquis. Ces temps sont, semble-t-il, révolus : une sorte de ‘Révolution Culturelle’ a banni ces concepts. Mais pourquoi, dans un monde qui s’enrichit, et dont la productivité est démultipliée, devrait-on renoncer aux acquis sociaux ?

Origines du concept

Le concept d’ « assistanat » nous vient des pays Anglo-Saxons, où il est connu sous le nom de ‘Nanny State’ (État-Nounou). Il qualifie (ou plutôt tente de disqualifier) les politiques où l’État serait «excessif dans son désir de protéger, gouverner ou réguler certains aspects de la société».

‘Le terme "Nanny State" a été sans doute été créé par le député conservateur britannique conservateur Iain Macleod qui a écrit "what I like to call the nanny state…" dans ses colonnes "Quoodle" le 3 Décembre 1965, édition de The Spectator.

L’usage politique de cette formule englobe :

  • les politiques économiques et sociales nationales (régulation et intervention) qui affectent les grandes entreprises, ou
  • les politiques sur les échanges internationaux qui favorisent les industries nationales (protectionnisme).

Par exemple, les groupes (politiquement) conservateurs aux États-Unis (en particulier les paléoconservateurs qui supportent le marché libre et le capitalisme) ont utilisé le terme pour récuser ce qu’ils présentent comme excessif dans leur désir de protéger les consommateurs, au travers de régulations étatiques des compagnies, ou d’autre part des aspects sociaux qui ont un impact sur les entreprises (...).’

http://en.wikipedia.org/wiki/Nanny_state

Objectifs du concept

Dans un monde où les multinationales sont toujours avides de nouveaux profits, certains marchés sont prometteurs. La santé, les transports en commun, l’éducation, le marché des retraites, représentent des milliards de profits potentiels. Les multinationales se heurtent à un obstacle de taille : certains de ces services sont mis à disposition du public par les États gratuitement. Le problème consiste à récupérer ce marché coûte que coûte. Mais comment faire accepter au public la renonciation à ces acquis dans des pays qui ne cessent de s’enrichir ? La réponse consiste en une formidable machine de propagande qui d’une part propage l’illusion d’un déficit de moyens financiers, et d’autre part culpabilise les citoyens par rapport au services et à l’assistance (ou solidarité) à laquelle ils ont droit. C’est ainsi que l’on arrive à convaincre les citoyens qu’ils doivent renoncer à une pension de retraite, aux soins gratuits ou à l’éducation gratuite, privatiser à outrance les compagnies nationales, laissant au secteur public (supporté par les citoyens) les secteurs non rentables et offrant au privé des marchés juteux sur les secteurs rentables. Il en est de même pour les aides sociales comme les allocations chômage ou le R.M.I., souvent remis en cause. Dans tous les cas, on s’adresse aux citoyens comme à des enfants en leur disant en quelque sorte : « si vous voulez être adultes, vous devez vous débarasser de tous ces services et aides dont vous bénéficiez. N’avez-vous pas honte à votre âge, de ne pas être indépendants ? ». Avec cette tactique, on arrive à faire renoncer de nombreux citoyens à la garantie d’une éducation gratuite, de services de santé gratuits, ou de retraites assurées.

Bien entendu, chaque français a profité (et profite d’une manière ou d’une autre) de l’assistance de l’État, l’exemple le plus évident étant la scolarité gratuite. Mais il existe une autre tactique pour peu à peu discréditer la solidarité : non seulement culpabiliser ceux qui perçoivent les maigres revenus de la solidarité nationale, mais aussi les soumettre à la vindicte populaire en en faisant des profiteurs, pendant que ceux dont les fortunes s’amoncellent ne sont pas inquiétés. Bien entendu, cette étape est l’oeuvre de certains politiques liés aux lobbies des affaires, comme nous le voyons clairement en ce moment.


Comme avec toute publicité, il ne faut pas être dupe, mais au contraire lucide sur la promotion du mot ‘assistanat’ et ses raisons-d’être sous-jacentes. Toujours est il que la tactique marche plutôt bien. Les multinationales font des profits toujours plus grands, elles participent de moins en moins aux solidarités nationales, alors que les citoyens voient leurs services s’évaporer et leur qualité de vie se dégrader.

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