lundi 21 mai 2007

Europe sociale: une réalité prochaîne?


Les syndicats européens veulent "faire de l'Europe sociale une réalité"

Par Patrice NOVOTNY



SEVILLE (AFP) - La Confédération européenne des syndicats (CES) a ouvert lundi 21 mai 2007 son 11e congrès à Séville (espagne) sous le signe de "l'offensive" pour "faire de l'Europe sociale une réalité".

Quatre ans après le dernier congrès à Prague - qui précédait l'entrée des pays ex-communistes dans l'Union européenne (UE) - et deux ans après le double "non" français et néerlandais au Traité constitutionnel européen qu'elle soutenait, la CES veut ouvrir une nouvelle page de son combat.


Son secrétaire général, le Britannique John Monks, a appelé les 700 congressistes "à passer à l'offensive" pour "faire de l'Europe sociale une réalité".

Il a fustigé "l'orthodoxie" de la Commission européenne qu'il accuse de "mettre un frein aux progrès sociaux et environnementaux" afin de "concurrencer des pays moins chers".

Or, "la clé de la réussite économique n'est pas la déréglementation", selon M. Monks, mais "un partenariat social fructueux, les négociations collectives" et "des syndicats forts".


Création d'un "marché du travail européen", augmentations des salaires, régulation des fonds d'investissement, égalité hommes-femmes: les exigences syndicales sont nombreuses.

Invité de la journée d'ouverture, le président de la Commission Européenne, José Manuel Barroso, a martelé aux syndicalistes la nécessité d'"adapter" les modèles sociaux européens, tout en "gardant les valeurs qui ont fait de l'Europe un tel succès".

Il a insisté sur l'importance des "valeurs et normes de la charte des droits fondamentaux", un texte garantissant le droit de grève que les syndicats craignent de voir retiré du projet de Constitution européenne en cas d'adoption d'un "mini-traité" européen.


Les années passées ont été consacrées à "combattre les mesures néo-libérales, comme la directive +Bolkestein+ sur les services", a expliqué M. Monks, dont le rapport d'activité a été adopté à l'unanimité. Les syndicats européens veulent aujourd'hui rebondir et peser sur les enjeux européens à venir.

Leur premier défi sera d'enrayer l'effritement des forces syndicales. Le taux de syndicalisation européen a chuté, de 50% en 1970 à 30% aujourd'hui, notamment du fait des suppressions d'emploi dans les industries traditionnelles (sidérurgie, mines, textile), anciennes places fortes syndicales.

La CES veut tendre la main aux jeunes, aux femmes, aux employés des services, des populations que les syndicats peinent à organiser.


L'organisation veut aussi se faire entendre pour encadrer le "marché du travail européen" prévu dans l'agenda social de la Commission européenne pour 2005-2010. La CES souhaite que l'ensemble des travailleurs de l'Union y trouve un socle de protections communes.

En corollaire, la CES plaide pour un renforcement du dialogue social européen avec le patronat. Elle souhaite la mise en place d'instances européennes capables de trancher les litiges entre syndicats et patronat du Vieux continent.


Le président du Parti socialiste européen (PSE), Poul Nyrup Rasmussen, a prononcé une vigoureuse diatribe contre les fonds d'investissement, dont les calculs à court terme représentent selon lui un "défi" pour le mouvement syndical et les partis progressistes.

Les congressistes ont aussi apporté leur soutien aux salariés de l'équipementier américain Delphi qui est en train de supprimer des milliers d'emplois en Europe.




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